Le lotus

Quand le travail fait souffrir

On ne peut s’intéresser à l’épanouissement au travail sans tomber à tous les coins d’articles sur le terme « burn out ». Il est devenu si répandu qu’on le met à toutes les sauces pour qualifier, à juste titre, une dépression d’origine professionnelle, mais aussi une indigestion passagère de boulot, une sensation d’épuisement, un ras-le-bol temporaire de sa hiérarchie…

Si vous avez toutefois hiberné pendant les 10 dernières années, sachez que le burn-out et son frère le bore-out désignent des états dépressifs liés au travail. Tous deux se déclarent suite à une exposition constante et prolongée au stress professionnel. En schématisant, le burn-out est lié à un excès de travail (journées de travail longues, surcharge de tâches, responsabilités inadaptées, pression des délais…) et le bore-out découle au contraire d’un immense ennui professionnel (travail monotone, insuffisant, tâches sous-qualifiées…).

Dans les deux cas, on constate un décalage important entre les valeurs de l’entreprise et nos valeurs personnelles, entre la façon de travailler qui nous est imposée et celle qui, nous le savons, nous rendrait (plus) efficace. La structure nous paralyse, la hiérarchie nous englue, nous sommes dans l’incapacité de faire (changer) les choses.

Le vrai burn/bore out n’a rien d’un coup de mou momentané. C’est une lame de fond, qui vous ronge progressivement pendant des mois, souvent des années, puis vous abat d’un coup. Si vous l’avez traversé, ou si vous le subissez actuellement, vous le savez : le burn out vous plonge dans une sorte de non-vie. On est là, vivant, mais tout dans notre être est éteint, comme mort.

L’origine du concept, en (très) bref

Le concept de burn-out est décrit par le Français Claude Veil dès 1959. Les premières recherches sur le syndrome d’épuisement au travail sont attribuées au psychiatre et psychothérapeute Herbert Freudenberger, en 1974. Le terme s’est réellement répandu durant les 10 dernières années, d’abord dans le milieu des soignants, puis dans le monde du travail au sens large. Il y a 10 ans encore, le burn out était un phénomène mal connu des généralistes qui le confondaient souvent avec la dépression.

Dépression ou burn out?

Aujourd’hui, les deux pathologies sont médicalement distinctes; les généralistes les différencient aisément et proposent de plus en plus souvent une prise en charge pluridisciplinaire. Ils peuvent suggérer le recours à un psychologue spécialisé en maladies professionnelles, à des thérapeutes complémentaires voire alternatifs (kinésithérapeute, énergéticien…), à la pratique du yoga ou de la méditation voire… à l’adoption d’un chien (oui, c’est du vécu).

C’est que le burn-out guetterait, selon Securex, 17% des employés (alors qu’ils n’étaient que 10% concernés en 2014). Quant au bore-out, d’après Christian Bourion, auteur d’un ouvrage sur le sujet, il toucherait environ 30% des travailleurs! Visiblement, le mal-être au travail est un fléau de la société occidentale actuelle. Pas étonnant que le syndrome d’épuisement professionnel soit aujourd’hui au cœur des débats sur la souffrance au travail et que la plupart des médecins y accordent une oreille attentive. 

Il n’est pas exceptionnel qu’un sérieux burn-out déclenche aussi des symptômes de dépression, la dépression et le burn-out tendent l’un vers l’autre et se manifestent souvent conjointement. Samuel Dock signe au HuffingtonPost un article visant à différencier burn out et dépression. Si vous vous sentez concerné, le parcourir vous donnera peut-être des éléments de réponses. 

Stress et travail

L’une des caractéristiques du burn/bore out est qu’il reste tapi progressivement pendant des mois, souvent des années, avant de nous acculer soudainement et de Nous terrasser. Soudain, on n’en peut plus. Vous avez trop tiré sur la corde, ou trop mordu sur votre chique, bref vous vous êtes tant épuisé à résister à tout ce stress que soudain, vous ne pouvez plus faire face. Tout devient trop… La descente a été sournoise et longue, le processus de guérison s’étirera sans doute lui aussi en un long tunnel qui commence avec la prise de conscience de la maladie et vous mènera jusqu’à la rémission.

L’origine de ce terrible mal-être étant professionnelle, l’issue implique souvent un changement de carrière. Nous passons tellement d’heures au boulot! N’est-il pas totalement normal d’en attendre plus qu’un salaire qui tombe avec régularité? N’est-il pas totalement normal de ressentir le besoin impérieux de donner du sens à nos vies au travers de notre activité professionnelle? Car, enfin… Qui voudrait « perdre sa vie à la gagner »?

Ne pas souffrir au travail, c’est possible !

Pour autant, changer de travail est loin d’être simple. Cela demande de grandes remises en question, des changements de perspectives, souvent même des sacrifices. Nous le savons d’autant mieux, chez Miss Glyphe, que nous l’avons vécu. Une (double) expérience dont nous avons tiré différents enseignements. Principalement, celui de croire dur comme fer que, tel le lotus qui puise sa substance vitale dans la boue, l’être humain est capable de se nourrir de ses difficultés et de ses souffrances pour s’épanouir, malgré l’adversité. Ainsi, notre société voit fleurir le cas de gens qui créent leur propre métier et en vivent, même si ce n’est parfois que partiellement.

Nos fils facebook déploient régulièrement les témoignages de telles reconversions, genre « Martin, avocat des affaires reconverti en boulanger artisanal », « Ninon, de caissière à créatrice de doudous » ou « Judith, pharmacienne devenue gérante d’une droguerie moderne ». Je me souviens par exemple du cas de Florent, relaté dans Le Monde. Et c’est tellement inspirant. ça nous rappelle que non, tout n’est pas écrit: on peut changer de vie, de voie, d’horizon. Et puis qu’on n’est pas seul à avoir des rêves (bon, ok, ça on le sait déjà) ni à décider de faire le grand saut pour les vivre (et ça, dans la vrai vie, on ne connait pas tant de gens qui l’ont fait).

Au travers de notre job, nous avons la chance de rencontrer des personnes comme Martin le boulanger, Ninon la créatrice ou Judith la droguiste. Des personnes qui ont choisi de se créer une vie professionnelle plus riche et plus authentique en lançant et en développant leur business créatif qu’ils gèrent dans le respect de valeurs personnelles. Il y a Claudine, Aurélie, Vince, Sophie, Juan, Sandrine, Virginie, Julien, Didier… Tous, chacun à sa manière, nous inspirent et nous partagent leur lumière.

Nous cheminons à leurs côtés. Nous goûtons le privilège de leur apporter notre soutien afin de faciliter leurs exploits et propulser leur plein potentiel. Oui, s’épanouir dans son travail est possible! Et c’est que nous vous souhaitons.

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